La descendance
Si Denis Désiré Guéret n’a pas eu de descendance malgré ses deux mariages, Adélaïde, sa sœur aînée, a eu un fils, Charles Ernest, et Onésime, son frère associé, a eu deux enfants dont Ernest Louis, qui a suivi le même parcours que son père. Les enfants de Numance et Julien Aimé n’ayant pas de lien avec Guéret frères ou les métiers du bois, je ne les évoquerai pas.
Ernest Louis a lui-même eu deux fils, André Georges et Henri Maurice, tous deux morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Alors qu’Henri Maurice est décédé trop jeune pour s’être établi, son frère aîné était déjà sculpteur ornemaniste depuis quelques années.
Charles Ernest Delarue (1847-1881)
Charles Ernest Delarue naît au foyer de Pierre Auguste et Adélaïde Guéret, le 18 mars 1847 à Roissy. Comme ses oncles, il a certainement été sensibilisé très tôt au travail du bois, notamment au contact de son père qui était charron-forgeron et fabricant de voitures, au 166 rue de Flandres, ancienne commune de La Villette. Il travaille vraisemblablement avec son père puisqu’au moment de son mariage avec Ernestine Marie Truchot (1850-1903), le 25 juillet 1872, sa profession est fabricant de voitures.
Après son décès, sa veuve continue l’exploitation de l’entreprise de fabricant de voitures : on la retrouve dans l’Almanach du Commerce de 1898 sous la dénomination « Delarue (Vve Ch.), constr. de voitures, r. de Flandres, 166. », et dans son acte de décès en date du 30 décembre 1903, sa profession est « fabricante de voitures ».
Ernest Louis Guéret (1860-1931)
Ernest Louis Guéret naît le 7 août 1860 à Paris, au 2 de la rue Tronchet au foyer d’Onésime (1830-1915) et d’Estelle Auvry (1841-1919). Il est le premier enfant du couple qui a eu par la suite une fille, Marie Joséphine.
Il étudie au lycée Louis-le-Grand où il obtient le 2e prix de dessin au concours général de 1877. Sa fiche matricule indique qu’il est engagé conditionnel à compter du 31 octobre 1878. Il arrive au 54e régiment de ligne le 8 novembre suivant. Incorporé comme soldat de 2e classe, il devient 1e classe le 6 juin 1879 et caporal le 7 novembre 1879. Ayant obtenu une note Bien aux examens de fin d’année, il passe dans la disponibilité dès le 8 novembre 1879.
En mars 1881, il concourt aux épreuves d’admission à l’École nationale & spéciale des Beaux-arts, en tant qu’élève de l’architecte Louis Jules André (1819-1890). Le 4 avril 1881, il est admis dans la section d’Architecture (2e classe). Bon élève, il reçoit des mentions à chaque examen.
En 1882, il expose au Salon un dessin titré Une cour du vieux Paris.
Le 10 mars 1883, il est lauréat du prix Achille Leclère, prix créé en 1855 par la volonté de la sœur de l’architecte. En effet, elle avait réalisé une donation à l’Académie des Beaux-arts avec pour condition que « la somme de mille francs [soit] affectée, exclusivement, chaque année, à récompenser l’élève architecte de l’École des Beaux-Arts qui aura obtenu, dans les concours annuels ouverts par l’Académie des Beaux-Arts, le premier second grand prix d’architecture ». Le sujet du concours était « une salle pour les réunions solennelles et les distributions de prix dans un grand établissement d’instruction publique », le projet d’Ernest portait le no 12.
Par décret du Président de la République, en date du 27 mars 1884, il est nommé « sous-lieutenant de réserve pour être mis à la suite des corps d’infanterie » en tant qu’ancien engagé conditionnel.
Une fois ses études terminées, Ernest Louis épouse Henriette Joséphine Amélie Duval (1867-1955), le 5 novembre 1885, à la mairie du 11e arrondissement de Paris. Un contrat de mariage est passé la veille devant Me Morel d’Arleux, notaire parisien. Dans ce dernier, Ernest Louis est mentionné comme associé, depuis le 5 juin 1884, dans une « société en nom collectif formée entre lui et Mr Blanchet, sous la raison sociale “Blanchet et Compagnie” pour l’exploitation à Paris, rue de Lancry, no 53, d’un fonds de commerce de fabricant de billards » dont il apporte les droits en mariage. Ernest a succédé à Blanchet avec succès :
« Saluons en passant M. GUÉRET ; il est le digne successeur de M. BLANCHET. Ses billards sont d’une forme et d’une ébénisterie qui rappellent les saines et précieuses traditions de cette famille d’artistes (médaille d’or) (Picard 1891b, p. 9)».
Le 28 février 1887, le couple accueille son premier enfant, André Georges, sur lequel je reviendrai plus bas. Un second fils, Henri Maurice, voit le jour le 11 mars 1898. Ces deux garçons connaissent malheureusement le sort de nombreux jeunes gens nés à cette période : Henri Maurice décède le 26 juin 1916, grièvement blessé dans un bombardement alors qu’il réparait la ligne d’un réseau téléphonique sur le front en Argonne ; André Georges est tué à l’ennemi le 9 juin 1918, lors du combat de Vinly dans l’Aisne.
Ernest Louis s’éteint le 31 janvier 1931 à Paris, à l’âge de soixante-dix ans, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise le 4 février. Son épouse lui survit jusqu’au 15 mars 1955.
André Georges Guéret (1887-1918)
André Georges Guéret naît le 28 février 1887 au foyer d’Ernest Louis et de son épouse Henriette Joséphine Amélie Duval.
Alors qu’il est âgé d’à peine treize ans, il intègre l’école Boulle en 1901, promotion 1991, avec la spécialité « Meuble ».
Sa fiche matricule, indique qu’entre le 8 octobre 1908 et le 25 septembre 1910, il est incorporé pour le service, au 137e régiment d’Infanterie (RI). Au retour de ses obligations militaires, il se marie le 21 novembre 1911 avec Marie Madeleine Wallois (1891-1977), à Paris.
Le couple a trois enfants, Odette Marie Louise Élisabeth (1911-1987), Colette Marie Louise (1913-1913) et Pierre Henri Léon (1917-2000).
Pour répondre à l’ordre de mobilisation générale du 1er août 1914, André Georges est rappelé à l’activité le 3 août et envoyé au 167e RI. Il est déclaré inapte par la commission de réforme de Toul en date du 5 février 1916 puis reconnu apte par la commission spéciale d’Autun du 28 avril 1916. Il est maintenu au service armé par la commission de réforme de Paray-le-Monial du 19 juin 1916. Il passe d’abord par le 13e RI, puis au 167e RI où il est nommé sergent en septembre 1917. Il est tué à l’ennemi le 9 juin 1918 au combat de Vinly, à Saint-Gengoulph dans l’Aisne.
Au moment de son départ au service militaire en 1907, il était sculpteur modeleur. La publication d’un avis d’opposition dans la presse indique qu’après son décès, sa veuve a souhaité conserver le fonds de commerce de sculpteur-ornemaniste, installé à L’Isle-Adam.
Les recherches devront se poursuivre pour savoir si Marie Madeleine Wallois a pu continuer le travail de son époux, et pendant combien de temps.